Lumière sur le travail de nuit

Les autoroutes, indispensables à la mobilité en Suisse, doivent être entretenues. Des centaines de collaborateurs des unités territoriales s’affairent à cette tâche, de jour comme de nuit. Benjamin Gloor fait partie de ces forces à l’œuvre lorsque la majorité de la population dort.

Il est presque 21 heures. Alors que dans de nombreux foyers, le souper est terminé et la vaisselle nettoyée, Benjamin Gloor commence seulement sa journée de travail. « Benu », comme on le surnomme, est employé de NSNW AG, la société qui assure l’entretien des routes nationales pour le compte de l’Office fédéral des routes ; ce quadragénaire travaille de jour comme de nuit. A cette heure, la salle de garde du centre d’entretien de Schafisheim (Argovie) se remplit peu à peu d’orange, la couleur des vestes fluorescentes des ouvriers de la route ; le début de l’intervention prévue ce soir approche à grands pas. Une partie de l’équipe est déjà sur la route pour fermer le tronçon en vue des travaux de cette nuit. Le programme de ce soir prévoit le nettoyage du tunnel de Neuenhof, situé sur l’autoroute A1, près de Baden.

Benjamin Gloor

Dans un tunnel plutôt que dans la nature

Benjamin Gloor, dont la tâche principale ce soir sera de nettoyer les panneaux de signalisation du tunnel, fait partie de ceux qui se rendront sur les lieux plus tard. Pour le moment, il travaille encore sur son ordinateur et boit un café. « En réalité, mon travail principal consiste à entretenir les espaces verts », explique-t-il. « En été, nous tondons l’herbe et, en hiver, nous coupons du bois. Voilà comment je peux décrire mon travail », ajoute-t-il dans un éclat de rire. Pour l’heure, il n’y a pas d’espaces verts pour « Benu ». Il y a encore peu de manutention à faire du côté des talus et autres zones à défricher, à la basse saison. En revanche, il y a beaucoup à faire du côté des tunnels. Le besoin de bras robustes est particulièrement important en cette période de l’année en raison des travaux de nettoyage. Ces opérations ont lieu de nuit afin de perturber le moins possible la circulation routière.

Cette planification a cependant des répercussions sur la vie de Benu et de ses collègues. En effet, les services de nuit impliquent non seulement un chamboulement du rythme de vie, mais aussi une réorganisation de la vie privée. « Heureusement, je n’ai pas de problème avec le changement de rythme. Je dors encore deux ou trois heures avant de commencer mon service. » Sa famille s’adapte également à ces contraintes. Benjamin Gloor, père de deux enfants, voit même des avantages à ce travail. « Lorsque je travaille de nuit et que je dors le matin, j’ai du temps pour mes enfants l’après-midi. Tout le monde n’a pas cette chance. »

De la peur ? Non, mais de la prudence !

A quelques minutes du début de son service, Benjamin Gloor dégage calme et assurance. Cela ne va pas de soi dans un métier qui, en raison des horaires et de l’environnement, ne conviendrait pas à tout le monde. Lorsqu’on lui demande s’il s’inquiète pour sa sécurité, il répond sans hésiter par la négative, même s’il est conscient des dangers de son métier. « Si vous travaillez constamment la peur au ventre, avec les yeux rivés sur le rétroviseur dans la crainte qu’un véhicule vous percute par l’arrière, vous finissez par craquer », avance-t-il, avant d’ajouter : « J’ai confiance dans la vaste batterie des mesures de sécurité mise en place. La conscience que quelque chose peut arriver motive tout le monde à respecter les règles en permanence. »

Son optimisme et son calme seront mis à l’épreuve ce soir. Lorsqu’il arrive au poste de contrôle de la jonction de Birrfeld (Argovie), Gloor remarque que les véhicules destinés à l’entretien attendent là. L’avant-garde, qui était chargée de la fermeture de l’autoroute, est également présente. Un accident sur l’autoroute A1 a empêché la fermeture du tunnel de Neuenhof à 22 heures, comme prévu.

Le convoi teinté d’orange doit patienter plus d’une heure et demie, jusqu’à ce que le tunnel en direction de Zurich soit enfin fermé. « Cela arrive, on ne peut pas toujours tout prévoir », déclare laconiquement « Benu » avant de monter dans son camion.

Une colonie de fourmis bien organisée

Une fois dans le tunnel, force est de constater à quel point cette équipe est bien rodée, les quelque 30 collaborateurs de NSNW s’organisent comme une colonie de fourmis. Tous les camions et autres machines de nettoyage se mettent en place en un éclair, les opérations commencent immédiatement. En quelques secondes, le tunnel est rempli de brume, créée par la myriade de jets d’eau en action. Un non-habitué s’y perdrait rapidement, mais pas Benjamin Gloor. Il sait exactement ce qu’il doit faire, les panneaux de signalisation du tunnel retrouvent rapidement leur éclat. Le retard accumulé au départ est déjà presque comblé.

C’est une bonne nouvelle, car l’heure tourne. Le tunnel doit rouvrir à cinq heures du matin pour laisser passer le trafic matinal de l’autoroute. Benjamin Gloor et ses collègues tiennent le délai, la nuit de travail touche à sa fin. Il peut regagner son lit vers six heures du matin. « Je me lève à midi, ma famille me laisse dormir après de telles journées de travail. » Heureusement, car ce soir, il remet ça : il sera sur la route pour nettoyer le tunnel de Neuenhof dans l’autre sens, en direction de Berne. Avant cela, ce travailleur consciencieux et acharné redevient un père de famille. Les vacances scolaires battent leur plein. Il pourra être là pour ses enfants cet après-midi. C’est l’un des points positifs d’un travail exigeant, mais qui lui procure aussi beaucoup de satisfaction.

 

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